Les méchantes universités, elles continuent à sélectionner les étudiants pour des raisons de finances et de qualité de la recherche et que le niveau des élèves baisse, malgré ce que certains pensent/espèrent... Mais cette sélection continuera à se faire, du moins je l'espère et ça me rassure.
La sélection des étudiants, si elle ne se fait pas à l'inscription, c'est au cours de la première année et deuxième année qu'elle se fait et personnellement, je trouve que ce n'est pas plus mal. Ce qui n'est pas accepté de toutes évidences c'est que ce soit fait aux yeux de tous. Autant je peux comprendre qu'il y a des choses qui ne se font qu'en privée, mais nous ne sommes tout de même pas en train de parler d'onanisme ou autre comportement qui pourrait choquer les âmes sensibles. Cette hypocrisie me fait doucement rire.
Pour la petite histoire, je suis arrivée en fac de Lettres, toute fière de mon bac spécialité danse option histoire des arts obtenu avec mention Bien et je pensais avoir toutes les qualités requises pour continuer à avoir le même genre de notes qu'au lycée. Quand j'ai reçu ma première note, la douche froide m'a gentiment réveillée, et m'a fait descendre humblement de mon piédestal. 3/20, jamais de ma vie je n'avais eu cette note. Je n'avais pas écouté les gentils conseils de la tutrice déconseillant à tous de prendre Madame T. qui avait la réputation d'être très sévère en ce qui concerne la notation. Réputée dans le monde de la recherche, spécialiste passionnée et passionnante, cette enseignante était en fait une des meilleures de l'UFR. De plus, elle était sévère mais disponible pour ses étudiants, et j'ai fait parti des 2 étudiants qui ont sollicité un RDV pour savoir "le pourquoi du comment" de cette aberration (bon, la moyenne de la classe était justement de 3, mais quand-même).
2h30 à reprendre point par point mon devoir, pas un mot n'a échappé à l'assassinat en règle et je suis ressortie de là défaite, mais bien décidée à reprendre cette enseignante. 2ème semestre, j'ai obtenu 7,5/20, on se retrouve donc encore une fois dans son bureau et lui explique que même si j'ai de bonnes notes dans les autres cours, je m'inquiète et me demande si je suis bien dans la bonne voie, si je n'aurai pas dû écouter père et mère et partir en scientifique comme mes capacités me le commandaient. Elle m'explique donc que je n'ai pas à me faire de soucis et les raisons qui font qu'elle est toujours aussi sévère (d'ailleurs, dans la partie "Ce dont je suis fier" sur le profil G+, je pourrais noter "ai eu deux 13/20 et un 14/20 avec Mme T à la fac")
Dans la mesure où il n'y a aucune sélection à l'entrée, elle se fait autrement, en cours d'année et certains enseignants avouent casser les étudiants afin de ne garder que les plus motivés et assument pleinement leur choix. Entre les notations sévères de certains, le fait qu'il faille s'adapter et se gérer comme un grand après avoir été dorlotés jusqu'au lycée et pas mal de choses, la sélection existe et elle est encore plus sévère. Seulement, elle est moins visible et comme il semblerait qu'on devrait avoir honte de ça, c'est en catimini que les choses se font. Personnellement, je continues à défendre ma position, le fait qu'il y ait encore une sélection est une bonne choses à mes yeux.
Je me souviens que durant la discussion elle se plaignait du niveau des bacheliers qui était d'année en année plus faible. Même si cela fait débat, j'ai vraiment l'impression moi aussi que le niveau baisse effectivement. On ne doit plus sanctionner pour ne pas traumatiser, on doit laisser passer les choses, ne pas être trop sévères et lorsque vous êtes un jeune enseignant et que vous assistez pour la première fois à une commission d'unification juste avant d'aller corriger vote paquet de copies pour un examen national, vous tombez des nues. Vous ressortez avec une liste à rallonge (qu'on viendra compléter même au cours de votre correction parfois) de choses à ne pas sanctionner, d'éléments à ne pas prendre en compte, de largesses et gentillesses à octroyer d'office, libre à vous de penser que je noircie le tableau, j'ai de toutes manières toujours eu la réputation de "noter sec". Si l'université doit s'adapter au niveau des bacheliers (cette phrase m'a gentiment énervée), ne peut-on pas y voir un risque? Je fais sûrement partie de ses profs de français frustrées avant l'heure et évidemment qu'il faut modérer tout ça mais je m'interroge sur les causes de cette baisse de niveau. Il est vrai que si on est prof, c'est que nous étions plus ou moins un bon élève (j'ai pas dit un élève calme, nous sommes beaucoup à avoir été de vrais monstres et heureusement), que nous avons été pour la plupart dans des établissements calmes ou avec un bon niveau (et c'est mon cas, petite école, petit collège, classe artistique au lycée donc avec petit effectif) et notre vision des choses est peut-être un peu édulcorée, mais tout de même...
J'ai beau être persuadée que l’orthographe demande une certaine maturité et un certain recul par rapport à ce que l'on dit et sa réflexion, il faut bien qu'un jour le déclic se fasse mais sans connaître les règles et les fondements, il ne pourra pas se faire. Des élèves qui obtiennent le bac sans être fichus d'écrire correctement, avec une culture aussi pauvre que biaisée et un sentiment de toute puissance parce qu'ils ont obtenus un diplôme qui a pourtant de moins en moins aux yeux des gens, ça a tendance à me casser les pieds. Et lorsque je délire gentiment avec @Lactimel ou @ledrjay par voie d'oiseau bleu* (le pigeon voyager c'est
Alors, est-on bien sûr de ne pas vouloir que les universités procèdent à une sélection? Et cette sélection ne se fera-t-elle pas quoi qu'il arrive tant que les enseignants chercherons à garder un certains niveau dans leur classe? Heureusement que je ne suis pas pessimiste au point de croire que les jeunes sont plus bêtes que ce que nous l'étions (et Dieu sais que j'en tenais une couche, comme nous tous, j'en suis sûre**) et malgré les parents d'élèves qui nous surveillent et nous harcèlent comme on harcèle le SAV d'un prestataire de service***, et autres petits bonheur du genre, j'espère sincèrement qu'on redonnera le pouvoir au Savoir et l'éducation et qu'on cessera de faire passer les statistiques (il faut obtenir tant de % au brevet-bac, de passage au niveau supérieur, de réussite, et moins de tant de % d'échec), les chiffres qui ne veulent rien dire et les opérations "marketing" qui usent et abusent de la publicité mensongère en ce qui concerne l'éducation.
Je ne dirais qu'une chose pour finir, la Culture et le Savoir sont les seules choses qui comptent!
---------------Notes de bas de page, parce que j'aime bien en mettre ---------------
*Un plan MachiaMélique est en marche pour ceux qui ne le savent pas. Un jour je dominerai le monde pour lui imposer ma volonté de mettre au-dessus de tout le Savoir et la Culture! Peu importe les dommages collatéraux, nous sommes prêts à tout!
**Et si vous en voulez la preuve, entourez en gros début septembre, le n°2 de #ETC Mag' sortira et éclairera votre lanterne sur le sujet. En attendant, le premier numéro est toujours là!
*** Rappelons-nous ce cri du cœur tellement vrai qui a de toutes évidences choqué certaines personnes qui me suivaient sur facebook (Ah! Le troll qui est en moi veut sortir! Mais je résiste et le fais taire!) et qui m'ont supprimée après cette publication (quelle perte tragique! Sniiiiif [Comme je joue trop bien la comédie! *Autocongratulation*]) parce que mes commentaires sur les parents d'élèves (qui l'ont pas volé) et sur mes élèves (que j'aime quand même de tout mon cœur) ne plaisent pas.