mardi 26 juin 2012

La langue mutante des jeunes est-elle mauvaise?


Aujourd'hui un débat s'ouvre sur Ipaginablog, un débat que nous voyons souvent apparaître sur google+, surtout lorsqu'il s'agit de parler du réseau social Facebook ou lorsqu'un googlenaute a le malheur de malmener outrageusement la langue française: "Est-ce que le parler jeune est un danger pour la langue française?"
Blablateuse invétérée, j'y vais donc de mon petit blabla sur la question. Donc...
Épineux problème que celui de la langue qui brûle les lèvres et échauffe les têtes, la langue est une chose magnifique qui nous sert à transmettre des sensations, des sentiments, esthétique dans le fond, mais aussi dans la forme, elle est celle des poètes et des artistes. Mais elle est aussi chose publique, et la République n’admet pas la tyrannie. Chose banale dont on use tous les jours à des fins bien prosaïques, dans un but bien trivial parfois mais l’on s’amuse sans s’en rendre compte de cette langue _ « Tu me passes le pain ?, et ce jeu enfantin de mon Chéri d’Amour qui fait passer sous mon nez, pour le reposer là où il l’avait pris le pain que je lui avais demandé* ; mon philologue d’Amour me fait remarquer que donner serait plus approprié.

La remarque est judicieuse, première intervention dans le débat et première remarque fichtrement vraie, c’est une langue vernaculaire, c’est la langue courante en France, elle n’est pas morte et c’est parce qu’elle n’est pas morte (comme l’est le latin ET PAS L’OCCITAN contrairement à ce qu'a osé m'affirmer un jour une collègue d’espagnol…) et parce qu’elle vit, elle est soumise à évolution, mutation même. Pourquoi employer le terme de mutation, un peu comme dans la génétique ?

Lorsque des élèves me font la remarque que certains auteurs ou moi-même utilisions des mots d’argot, des mots de verlan, ou toute autre forme de vocabulaire bien éloigné du lexique pompeux et pontifical qu’ils imagent chez ceux qui écrivent ou ceux qui enseignent cette langue, je leur fais la démonstration suivante… dans mes cours on fait aussi des sciences, cela va sans dire.

La langue française est une langue vivante, elle n’est pas comme le latin inusitée et fait partie du quotidien de tous. Nous avons depuis bien longtemps admis l’idée que les choses sont en perpétuel mouvement et que l’immuable n’est qu’une formation de l’esprit contre laquelle Giordano Bruno dont « le dynamisme qui considère la force vivante et mouvante »** n’admet pas que la réalité puisse être statique. Ainsi, si nous sommes soumis à un monde qui est en mouvement, la langue dont on use sera elle aussi soumise à mutation.

Mais qu’est-ce qu’une mutation ?

Vous connaissez l’œuvre de Stan Lee, X-Men ? Ce comics qui relate la chasse aux [nouvelles] sorcières ; les mutants.

Une mutation (un peu poussé à l’extrême chez Stan Lee) c’est l’altération du matériel génétique(ADN ou ARN) d'une cellule ou d'un virus qui entraîne une modification durable de certains caractères du fait de la transmission héréditaire de ce matériel génétique de génération en génération.
Modification anormale de l'ADN d'un gène, soit spontanément lors de la division cellulaire, soit sous l'influence d'agents extérieurs appelés mutagènes. Ce gène ainsi modifié est transmis aux cellules filles. Certaines mutations n'ont aucune conséquence sur la cellule. D'autres sont la première étape d'un long processus de cancérisation. Ainsi, le cancer est considéré comme une maladie génétique puisqu'il débute à l'échelon d'un gène, à l'intérieur d'une cellule. Toutefois, le cancer n'est pas une maladie héréditaire(Merci Futura-sciences)

            Jusqu’où peut-on faire l’analogie entre les langues et un organisme vivant ?

Voyons les langues dans le monde représentées sous forme d’un arbre phylogénétique.



Vous avez mis en confrontation ces deux arbres, le premier pour le monde du vivant sur le site de l'ens de Lyon , le deuxième pour le monde des langues (trouvé sur ce site). Maintenant, considérons le français comme une langue aussi protéiforme que ce que l’est l’espèce humaine, les homininés pour ceux qui suivent. Chaque être humain présente tout un panel de spécificité/mutation génétique propre à lui-même, il y en a des grands, des petits, avec des carnations différentes, des cheveux différents, des yeux … Bref, on est tous différents (mais on fait partie, biologiquement parlant de la même race… voilà pourquoi le terme même de racisme me dérange quand on parle des êtres humains…***)

            Au même titre qu’il n’y a pas un seul homme type d’être humain, j’imagine les langues comme aussi multiples et soumises aux mutations. Rappelez-vous, la définition d’une mutation génétique soit spontanée, soit sous l’influence d’un mutagène. Elle peut soit perdurer (création de nouveaux mots qui répondent à des réalités qui n’existaient pas auparavant, nouvelles entrées dans le dictionnaire, autant ancrés dans nos langages que ce que l’est le pouce opposable dans notre dictionnaire des gènes) et qui pourra elle-même donner naissance à de nouvelles mutations (comme notre capacité à parler qui découle de notre station debout/ la langue française offre pas mal de mots composés et dérivés). La mutation peut être soit bénéfique (enrichissement de la langue, adéquation de la langue avec son époque) soit délétère comme le cancer (oublie des règles simples qui permettent de nous comprendre entre nous).

            Ceux qui ne seraient pas vraiment en mesure de savoir la différence entre un gène, un chromosome et l’ADN, je vous conseille d’aller voir cette petite vidéo trèscourte ci-dessus, pour faire un petit point.

            Après tout ça, on va faire simple les p’tizamis (comme dirait mon présentateur TV préféré !)

·         Une cellule = le français

·         La cellule est composée de plusieurs chromosomes = les niveaux de langue, le patois, l’argot, le « parler jeune » et toutes les formes que peut prendre cette langue.

·         Autour de ses chromosomes, il y a les chaînes de protéines d’ADN (Acide désoxyribonucléique un mot barbare, juste pour se la péter). Le texte en lui-même, le parler en lui-même.

·         Chaque chaîne de protéines forme des phrases et une phrase commence par une majuscule (le promoteur) et se termine par un point (le codon) comme les balises en informatique …****

·         L’alphabet est limité à ATGC, mais avec 3 milliards de lettres, « l’immense livre de la vie » (j’aime beaucoup la formule de la vidéo), le gros le Robert de la vie (moins poétique), facilite l’analogie avec la linguistique…

C’est simplifié et schématisé, mais c’est une représentation personnelle***** de la langue qui m’a permis de comprendre ses changements.

Cet épineux problème qui se heurte à l’image d’Épinal qui veut que la langue doive être préservée, conservée totalement intacte dans un petit coffre [qui prend parfois la poussière] nous conduirait donc à observer les éléments mutagènes de cette langue. Je vais y aller un peu fort, mais j’assume : batailler contre l’évolution de la langue et chercher à l’épurer serait un peu un nazisme linguistique. Contrôler, museler, éradiquer certains gènes de la langue sans pour autant laisser la nature œuvrer elle-même reviendrait à vouloir créer la langue aryenne par excellence.

Il faut défendre et illustrer la langue française et créer de nouveaux mots comme la Pléiade, faire entrer dans les trésors que contiennent nos vieilles valises de mots poussiéreuses des mots d’argot comme Hugo dans ses Misérables car : « Lorsqu'il s'agit de sonder une plaie, un gouffre ou une société, depuis quand est-ce un tort de descendre trop avant, d'aller au fond? Nous avions toujours pensé que c'était quelquefois un acte de courage, et tout au moins une action simple et utile, digne de l'attention sympathique que mérite le devoir accepté et accompli. Ne pas tout explorer, ne pas tout étudier, s'arrêter en chemin, pourquoi? S'arrêter est le fait de la sonde et non du sondeur. […]

Maintenant, depuis quand l'horreur exclut-elle l'étude? Depuis quand la maladie chasse-t-elle le médecin? Se figure-t-on un naturaliste qui refuserait d'étudier la vipère, la chauve-souris, le scorpion, la scolopendre, la tarentule, et qui les rejetterait dans leurs ténèbres en disant – Oh! que c'est laid! Le penseur qui se détournerait de l'argot ressemblerait à un chirurgien qui se détournerait d'un ulcère ou d'une verrue. Ce serait un philologue hésitant à examiner un fait de la langue, un philosophe hésitant à scruter un fait de l'humanité. Car, il faut bien le dire à ceux qui l'ignorent, l'argot est tout ensemble un phénomène littéraire et un résultat social. Qu'est-ce que l'argot proprement dit? L'argot est la langue de la misère. ». Il faut laisser ceux qui se l’approprient la démembrer, la travailler, la déconstruire et la construire, à l’image de ce que font certains auteurs francophones.

Il faut aussi s’adapter. Le temps est parfois à l’économie, comme aux débuts du SMS (ça date, j’étais au collège), cherchant à économiser l’espace pour garder intact son forfait texto, j’utilisais moi-même des abréviations barbares, sans espaces comme au moyen-âge dans une phonétique approximative (excuse qui ne tient plus, la plupart des forfaits sont illimités sur ce point et user de cette orthographe agressive sur les réseaux sociaux qui ne vous limitent pas en nombre de caractère est plus une preuve de fainéantise aujourd’hui).

Il y a aussi la confiance aveugle dans les technologies et cette ahurissante idée que le correcteur de Word fera tout le travail… Même Antidote qui est un excellent correcteur ne peut se passer de la tête de l’homme pour débarrasser le texte de ses coquilles, erreurs et fautes. Mettre en équation la règle de l’accord du participe passé employé avec l’auxiliaire avoir n’est pas chose aisée… Car il faut bien le dire, le langage est le fruit de l’esprit humain, hautement plus complexe que les 0 et les 1 qui s’alignent et même si les nouvelles puces neurosynaptiques imitent le cerveau humain et permet de mettre une branlée à des gugus à un jeu,  j’ai des doutes quant à la capacité à recréer cet esprit et donc à corriger la langue qui en découle.
S'il me fallait donner un avis simple et clair, le parler jeune n'est pas à mon sens un danger pour la langue française puisqu'il en fait partie. Ce n'est pas une langue toujours belle, certaines mutations doivent être éradiquées, mais elle a le mérite d'être le reflet de notre société et de l'esprit humain. Donc non, pas de vaccin pour combattre dans une lutte finale contre cette langue mutante, mais bien une observation attentive et un guidage sage et mesuré, un peu d'homépathie en somme, pour ne pas laisser cette langue se métastaser...

Ainsi, serais-je d’avis de laisser la quintessence de la vie, le mouvement, faire son œuvre ; laisser la variété des cultures et des éléments mutagènes agir, tout en la guidant un peu, histoire de limiter l’apparition de gènes cancéreux dans la langue... Sans dire que les consoles et les jeux abrutissent, sans croire que les jeunes sont bêtes et sans culture, il faut que les guides (parents, entourage, enseignants) leur donnent goût à la lecture. Donner goût à la lecture ou plutôt aux lectures pour qu’ils puissent apprécier plusieurs français, pour leur donner le goût de l’écriture. Car oui, comme dans Les Mots de Sartre, comme dans En Lisant, en écrivant de Gracq qui montrent l’écrivain (ou écrivant) comme étant d’abord un lecteur, il faut d’abord lire pour avoir envie d’écrire, ou comme dans l’article sur la jeune ipagineuse Allison******, l’écriture est une mutation génétique de la lecture…



*Évidemment, cela marche aussi avec le sel, l’eau, les plats…. Et depuis 6 ans il me fait le coup, et depuis 6 ans je me fais prendre, et depuis 6 ans nous en rigolons… Nous verrons ce qu’il en est dans 66ans lorsque nous ne mangerons plus que de la soupe sans sel, comme le pain…

**Emile Bréhier, Histoire de la philosophie.

*** Dieu a dit : il y aura des hommes blancs, il y aura des hommes noirs, il y aura des hommes grands, il y aura des hommes petits, il y aura des hommes beaux et il y aura des hommes moches, et tous seront égaux ; mais ça sera pas facile… Et puis il a ajouté : il y en aura même qui seront noirs, petits et moches et pour eux, ce sera très dur ! (Coluche)

**** Mais Giordano Bruno avait raison, des liens, des liens, des liens… que c’est beau de faire des liens, pour parler comme les didacticiens, que c’est beau le décloisonnement (pratique éducative qui consiste à créer des liens entre les différentes disciplines) !

***** Représentation personnelle, mais il y a de fortes chances pour que l’analogie ait été faite par de plus érudits, plus sages et plus intelligents que moi auparavant et si quelqu’un avait en sa possession une théorie analogue, qu’il me le fasse savoir, que je puisse rectifier mon blabla du jour.
****** Petit bémol, l'article est très joli, mais "la lutte contre les préjugés" commence par le plus rebutant et le plus énervant pour moi: les jeunes s'abrutissent devant les consoles... Découvrir l'enfer de Dantes en jouant à Dante's Inferno, s'approprier l'histoire, ses personnage et la culture de l'Europe (et bientôt des USA) avec Assassin's Creed, être ébahit devant la beauté des graphismes et des textures, voir les Jeux-vidéos comme une création artistique en usant du vocabulaire de l'historien de l'art à côté de celui de l'informaticien, s'ouvrir à la culture et la poésie japonnaise dans Okami et je pourrais encore en parler durant des heures, tout cela est-ce de l'abrutissement?

lundi 18 juin 2012

Variations étymologiques et pas éthyliques, je vous jure!

Comme toujours sur Google+, une discussion en amène une autre et les débats, toujours enrichissants, nous conduisent sur les chemins du partage des idées. Hier, en discutant avec un homme et une femme, très charmants, j’ai pu lire que le terme vicieux est moins négatif que le terme pervers. C’est une vision personnelle, et je voulais en profiter pour donner ma vision des choses et en même temps crier mon amour pour les mots et les lettres, ainsi que leur histoire et tous les savoirs que cela comporte, de près ou de loin. Bon, après j'ai un peu déraillé et ça s'est transformé en "folynirisme" comme à mon habitude...

Donc, êtes-vous vicieux ou êtes-vous pervers?

Personnellement, je préfère, quant à moi, le terme de pervers. Nous ressentons et vivons tous les mots de manière différente, et je conçois tout à fait que vous préfériez le mot vicieux à pervers, mais je tiens à vous faire part des quelques réflexions et quelques visions d’esprits que j’ai et qui, malgré mon jeune âge, ont pu se former chez moi il y a quelques temps déjà.

Etant bien jeune, au collège, j’ai eu un professeur de latin extraordinaire, elle s’appelait Mme Coq et enseignait dans mon collège. Après une première année laborieuse de latin, avec un professeur “à l’ancienne”, à n’aborder le latin que par les déclinaisons et les déclinaisons, la chance m’a faite “tomber” dans une classe qu’elle dirigeait d’une main de fer dans un gant de velour avec un esprit tout aussi passioné que passionnant. C’est dans sa classe que j’ai découvert l’étymologie et tout ce que cette science peut apporter au lecteur, que ce soit d’un strict point de vu sémantique ou que cela nous mène à une réflexion plus métaphysique. Quelle révélation ce fut pour moi que d’apprendre la nature rationnelle de l’espèce humaine lorsque nous avons travaillé pour la première fois cette matière; l’homme vient “d’humus”, l’humain est tellurique, il est né et redevient après sa mort de l’humus, il fait parti du cycle de la vie, de l’écosystème et malgré la magnificience, l’extraordinaire de l’esprit humain, chercher la racine de ce mot le conduit humblement à détacher quelques secondes son regard des nués et des étoiles, qu’il désire, dont il regrette l’absence, pour se rappeler sa modeste origine biologique.

L’étymologie est un puissant outil dont j’use et abuse et j’aime disséquer ces mots que j’utilise pour piocher parmi eux celui qui traduira au mieux mes propos, celui qui sera le plus en adéquation avec les idées qui composent ma caboche pour décomposent les idées reçues que je traque et combat. L’histoire de la langue de la langue et multiple, plurielle; soumise à l’Histoire, l’histoire culturelle, sociale, l’histoire de ceux qui l’ont utilisée, défendue et illustrée. Parmi les variations les plus notables, celle que la morale chrétienne à pu appliquer à certains mots est la plus austère et la moins colorée, et, bien que je sois chrétienne et croyante, l’exégèse rigide de certains cul serrés patentés me font m’éloigner de certaines conceptions morales. Je suis une enfant de la Bible, bien plus proche du Cantique des cantiques que de la froideur de Saint Paul car, comme l’a écrit Michel Onfray, “le saint sans sexe trouve le sexe malsain” (je suis fan de cette formule) et j’ai eu la chance qu’on m’apprenne à ne pas observer le corps comme une chose malsaine.

Pourquoi je préfère le terme pervers à vicieux? C’est simple, je préfère mettre en avant le carnavalesque de Monsieur Etoile à un défaut physique que je suis dans l’incapacité de connaître, voir, observer et que je me refuserais quoi qu’il advienne de juger.

Vertere veut dire tourner en latin et le préfixe -per qui donna pervertire offre une image carnavalesque du terme. En effet, ce deuxième verbe veut dire “mettre sans dessus dessous”. Cela me fait penser au carnaval, un âne à la place du prêtre qui fait messe et buvons plutôt que de prier... Au XVIIIè siècle, on a pu voir le sens de “chose qui dérange”, qui altère un fonctionnement, et si l’on oublie momentanément le sens de corrompre un esprit dans le latin chrétien, repris ensuite dans le sens moral de convertir au vice, je préfère le sens de pervers. Cet adejctif, qui veut dire, si on évacue là encore le sens religieux de “portée à faire le mal”, a gardé cette idée de sens dessus-dessous et a même été à un moment donné synonyme de dur, cruel, furieux...

Effectivement, au début du XXème siècle, tonton Freud est arrivé et on entend souvent ce mot comme désignant une personne qui aurait une tendance pathologique à accomplir des actes immoraux. Mais j’aime beaucoup l’idée d’imprévisible que l’on retrouve dans l’expression “un effet pervers” en dehors de toute considération morale.

Le synonyme de pervers est “vicieux”, mais je me demande encore et toujours si le principe de synonymie n’est pas en soi un principe réducteur pour la langue française... Encore un prof de légende que j’ai eu au collège m’avait répondu lorsque, très naïvement*, je demandais pourquoi utiliser tel mot complexe lorsqu’un autre plus simple existait : parce que la langue française est subtile et que chacun use des nuances à sa convenance. Parce que je n’aime pas le principe un peu réducteur de la synonymie, je cherche toujours l’origine des mots pour essayer d’en capter la nuance et entre pervers et vicieux, elle est de taille. En plus d’être un terme composé (et ce sont ceux que je préfère, ils sont plus marrant à dé-composer),vice (vitium)’est un mot qui veut dire à l’origine en latin, “défaut physique” et qui s’est généralisé en défaut tout court. D’ailleurs, dans les augures (madame Irma des anciens version 30 Million d’Amis), c’était un signe défavorable qu’on voyait dans un animal présentant un défaut physique**. Viticius n’est pas mieux, cela voulait dire gâté***, chose défectueuse. Cela me semble être tout de même plus injurieux....

Pour ma part, je préfère dire que je suis perverse, j’ai l’esprit mal tourné et quand je lit le mot du jour de Maître Djinnzz sur Etale Ta culture, je suis obligée d’y aller de mon petit comm’ à 3 Francs 6 sous (si c’est pas de la vieille expression ça les enfants!) et j’assume ma disposition d’esprit. Je ne dis pas que question physique il n’y aucune malfaçon (petite, des lunettes, les genoux et les dents de travers, coincé dans le corps [et la tête] d’une ado, le portrait n’est pas très “sex’) mais mon tatoueur préféré travaille dur pour fair de moi une oeuvre d’art qui eclipsent peu à peu les défauts de fabrication.

D’ailleurs en parlant de mon tatoueur, petite digression [une de plus ou de moins... on n’est plus à ça près....] Un des trois Loulous de chez All in Tattoo à St Gely va nous faire une petite prestation à Grabels (34) pour la fête de la musique. Il délaissera ses crayons, ses pinceaux et son dermo pour s’exhiber avec les Lost fish mémories à 20h30, donc soyez nombreux, allez l’aclamer et faites de lui une Rock-star, il m’a promis que je pourrais venir faire la belle dans les backstages quand il sera riche et célèbre****!

Bref, bref, bref les amis... (et autres qui le sont pas, ne veulent pas le devenir ou qui ne savent pas encore qu’ils le sont déjà, toujours un peu en mode bisounours, tout le monde est mon ami). Tout ça pour vous dire que l’étymologie c’est bien (un slogan digne des publicistes chargés des campagnes electorales, je vous le concède)!

Cette science, cette étude,discours (logos) sur le vrai (etumon), cette discipline qui nous conduit vers la vraie racine, la vraie valeur des mots, n’est pas que l’outil des linguistes. Elle est un merveilleux tremplin vers des considérations philosophiques, sociales, historiques (quand même c’est une étude diachronique, qui se fait à travers le temps) et comme j’invite toujours mes élèves à observer la véritable valeur des mots que l’on utilise, je continuerais à en user pour mes propres blabla sans intérêts et mes reflexions personnelles... Libre à vous de vous y adonner ou pas, mais n’oubliez pas que vos mots ne sont pas anodins et qu’il faut en user avec tact.

L’origine qui me fait rire:
Quand on traite un mec de connard, en fait on ne lui dit pas que c’est un con... Le con, c’est le sexe de la femme (Dans le Chevalier qui faisait parler les cons*****, il n’est pas question de faire parler des personnes bêtes, ces dernières parlent avec une facilité déconcertante, en gros un con, c’est un peu l’équivalent féminin de “Tête de Bite”...)
Tout le monde connait mon goût peu prononcé pour wikipédia, et ceux qui sont aller chercher la définitions de con sur ce site collaboratif y auront lu que le mot à donné connard, mais il n’en est rien, le doublement de la consonne “n” l’atteste. Connard vient de cornard... celui qui a des cornes, vous voulez un dessin? C’est un homme dont la femme le prend pour un con en laissant d’autres hommes que son mari user de son con, vous me suivez toujours?
Le “r” c’est affaibli, on ne l’a plus entendu, mais on a gardé une trace de l’ancienne graphie en doublant la consonne.

Petite mise en situation :
-”Tu la bouges ta caisse CONNASSE
La jeune damoiselle met ses warning et s’arrête au milieu de la chaussée, sort son téléphone.
- Allô Chéri d’Amour? Tu fais quoi? … Humm, tu dis que tu es chez une très charmante cliente, jeune étudiante délurée qui a des problèmes de tuyauterie … Non non, pas de problèmes... Quand tu arriveras à la maison tu penseras à vérifier le tableau et les plombs? Je suis en train de les péter... Comment ça? Notre tableau est aux normes y’a plus de plombs? Pffff... Allez bisous-bisous, rentre pas trop tard...
Un peu enervée, la jeune fille raccroche, fait un doigt d’honner au conducteur impatient qu’elle bloque depuis une plombe, c’est pas la journée de la courtoisie, elle peut. En se disant qu’elle espére que ce C.. Chéri d’Amour n’est pas dans un con, elle redémarre et vous dit bye-bye et @+++


Nota bene (à ordure?)

* On ne se moque pas, j’étais pitchòta, j’étais en 6ème, j’étais encore persuadée que je suivrais les plans parentaux et que j’irais en scientifique pour devenir une grande experte comptable de Mme Bettenshort...

**Chez les chrétiens aussi on avait ce principe, les erreurs de la nature font mauvais genre et une personne malformée ou un animal

*** Gâté et pas gateux... pardonnez-moi mon cher Henri, je me doute que même si vous avez l’âge de feu mon Papa adoré vous n’êtes pas un vieillard encore [père-]vert “violet ou orangé ou rose” comme dirait Desnos, mais mon syndrôme de Peter Pan me conduit à considérer toute personne de plus de 30 ans comme des ancêtres [Arf, dans presque 4 ans ce sera mon tour, faut que je dise à François de faire passer la retraite à 30 ans... surtout quand je pense que le 25 je n’aurais plus 25 ans... aïe aïe aïe!]

**** Ce matin je me suis réveillée avec la ferme intention de faire de cette journée une journée de Pure Positive, genre Carrouf’ c’est du pipi de chat, pour oublier les tripes gordiennes que les oraux s’ingénient me donner en ce moment (si y’en a un qui se propose de venir trancher le tout pour dénouer le noeud, il a intérêt à prévoir de quoi nettoyer, Chéri d’Amour n’aime pas quand la maison est dégueulasse...)

***** Fabliaux de Garin in, Les Fabliaux érotiques, “Lettres Gothiques” chez Livre de Poche.