jeudi 7 février 2013

Lutte contre le marché de l'occasion, la disette culturelle est proche!

Depuis quelques temps, une information qui ne fait pas sourire circule : on ne pourra plus acheter de jeux d’occasions parce qu’ils seront liés à un compte ou pire, à une console et tout cela me fait penser à une chose et génère de vives interrogation parmi les personnes qui habitent ma caboche. Le joueur (casual ou hard core) est-il une race à part, génétiquement modifiée, croisement improbable entre une vache à lait atteinte du syndrome de Panurge (à ce qu’il paraît on est tous atteint, mais quand même...) et un homininé doté de ces merveilleux pouces opposables - qui rendent l’usage des manettes et du clavier si aisé, et en même temps d’une incapacité à dire non* malgré des raisons économiques fort justifiées.

Nous sommes depuis longtemps et de plus en plus nombreux à militer pour que le jeux vidéo soit reconnu comme le 10ème art** et pourtant on accepterait qu’il ne soit pas soumis aux mêmes règles que les autres formes de création?

Imaginez un peu que les romans, un bon thriller par exemple, soit soumis aux mêmes conditions d’exploitations.

Je viens d’acheter un livre, mais il n’est pas “complet”, pour posséder tous les personnages, tous les chapitres ou simplement avoir la fin de l’oeuvre et connaître enfin qui est ce p°°° de tueur qui a zigouillé la gentille, douce et lumineuse petite pucelle au fond d’une ruelle sordide, il me faudrait RE-payer. Le DLC made in culture livresque c’est quand même moins cool hein?

Mieux encore, un livre édité il y a quelques temps a été revendu par son propriétaire (sniiiiif!***) et se voit donc lâchement abandonné sur le marché de l’occasion en espérant retrouver un lecteur aimant. Ce que ce pauvre petit livre ne sait pas, c’est qu’il ne pourra plus jamais être lu étant donné que pour pouvoir être déchiffré il faut être équipé de lunettes spéciales pour faire apparaître le texte****. Bon, il y a déjà eu l’idée du livre à usage unique (je trouve pas l’idée flamboyante), je vous laisse juger de l’intérêt de la chose... Mais cette manoeuvre ferait plus de bruit dans les médias le monde des livres étaient aussi atteint par cette attitude mercantile, et on aurait les gros titre sur le JT (pas celui de Julien Tellouck, celui des chaînes généralistes qui parlent que de morts, de crises et de vieilles dames agressées par des voyous...)

En plus de permettre une plus large diffusion des créations, le marché de l’occasion contribue à la pérennité des oeuvre et si les choses continuent dans cette voie, il y a quand même de sérieux soucis à se faire pour la conservation du patrimoine culturel. C’est déjà un casse-tête pour certaines associations (garder les machines en bon état, trouver et conserver les supports, …) qui ont pour but de conserver la création vidéoludique et le clouding comme le système des DLC viennent compliquer les choses , mais si on ne peut plus user comme bon nous semble des oeuvres (quelles qu’elles soient), cela voudrait dire que la création aurait une Date Limite de Consommation? Autant je suis adepte de la malbouffe soumise à Heure Limite de Consommation, autant quand il s’agit de la nourriture de l’esprit, je deviens aigre! L’économie va bientôt rendre la culture anorexique et j’ai l’impression que la famine intellectuelle nous guète... Et ces c°°° de Mayas qui l'avaient pas prévu ça!

Alors, je vous le demande, “où va-t-on?” ma pauvre Lucette? Et c’est pas bon signe quand une folle comme moi à l’impression de vivre dans un monde de dingue!



* Allez! On achète tous des jeux à leur sortie en déboursant des sommes astronomiques et on est même beaucoup à aller jusqu’à précommander les éditions collector qui coûtent un bras, tous playmobil dans l’âme quoi...  

** Je casse les pieds à mes collègues, mon esprit *machiamélique tente de faire de ses élèves des Minimois diaboliques dotés du même esprit (tordu) et je vais même jusqu’à pondre un de mes blablas imbuvables sur ce blog...

***  [Instant émotion] Je suis très attachée à mes livres et lorsque je vais chez un revendeur de livres d’occasion, j’ai l’impression d’être à la SPA devant des centaines de milliers de livres abandonnés qui me regardent avec des yeux à la chat Potté...

**** Interdiction de donner l’idée des lunettes aux éditeurs, les DRM font encore débat et on est déjà beaucoup à assez se ruiner comme ça!

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